Year 3, mai 2018 : BANGALORE

En mai, fais ce qu'il te plaît. Tiens. Et si on déménageait ? Et de 17 déménagements pour moi.










Ce mois de mai commence par une vidéo qui nous fait bien rire. Il n'y a plus qu'à la garder bien précieusement et à la ressortir le jour du mariage d'Amaïa... Amaïa a du talent, mais il faut dire qu'elle a été à bonne école... Regardez donc également la vidéo de son maître, en exclusivité mondiale sur mon blog !

La bonne nouvelle du mois de mai, c'est que nous avons un nouveau chauffeur, Dinesh, un vrai bon chauffeur serviable et intelligent, qui parle parfaitement anglais. Une personne à part. Plus de parents, pas d'enfants, pas marié, athée (!!!), dépressif, cultivé, cynique, caustique, drôle, passionné de documentaires... Pourquoi est-il donc chauffeur ??? Parce que monsieur a fait son flemmard à l'école. Hein, les filles ? Vous comprenez pourquoi maman vous pousse autant à faire votre CNED ?
Avec Dinesh, on parle de Tristan da Cunha, l'île habitée la plus reculée du monde, de corruption, de prison dorée, de l'eau qui va bientôt manquer, etc. Surtout, Dinesh, il sait gérer les enfants et je ne crains pas qu'il les frappe. Dinesh, il gère tout, d'ailleurs, il est toujours disponible, il est poli et fiable. Alors, Dinesh, on espère le garder jusqu'à la fin de notre expatriation.

Le week-end suivant, nous préparons notre déménagement. Comment ça, un déménagement ? Certes, nous n'allons faire qu'un kilomètre à vol d'oiseau, mais nous allons désormais vivre dans un appartement pour que les filles puissent enfin se défouler. Autour de l'appartement, il y a en effet un grand jardin avec de l'herbe et une piscine, ce qui va simplifier notre logistique. Et puis, ça va nous faire du bien, le changement. Après 3 ans, notre maison est déjà en assez mauvais état : infiltrations sur les murs, plinthes qui s'écroulent, pluie qui coule par le plafond de verre... Il est temps de déménager dans du neuf (neuf à l'indienne, donc déjà avec des infiltrations d'eau, quand même, faut pas rêver non plus !)


Alors, ce week-end, j'emballe nos affaires. Pourquoi, me direz-vous, vu que l'entreprise de déménagement vient exprès pour le faire ? Parce que c'est l'occasion de faire du vide, de faire un point sur ce qui manque et ce qui est en trop, l'occasion de nettoyer, de libérer nos vêtements et nos meubles de l'emprise de cette poussière qui s'infiltre absolument partout, mais surtout parce que je sais (et l'avenir me prouvera que j'avais raison) que les déménageurs ne sont pas rapides...

Pendant que j'emballe nos affaires, aidée par Aïnhoa le samedi, entravée par Amaïa et Aëlya, qui ont une fâcheuse tendance à récupérer les affaires que je jette ou à ressortir ce que je viens de déposer dans les cartons si je ne me dépêche pas de les fermer, Fred, de son côté, s'attelle aux impôts. Et comment dire... Je me sens chanceuse. Le dimanche, pendant que je continue les cartons, Fred aide Aïnhoa pour son science project, vous savez, le truc qui revient chaque année et qui commence à demander bien plus d'investissement : courbes sur Excel, vraie recherche scientifique, expérience sous la pluie de nuit... Bref, 3 semaines déjà qu'on planche dessus et le grand jour est pour mardi. Ouf, nous allons enfin pouvoir respirer.


Le déménagement est prévu pour samedi. Les déménageurs doivent venir empaqueter nos affaires le mercredi, jeudi et vendredi précédents. Mais on me souffle que les élections sont samedi, je commence à recevoir des messages disant que les magasins seront fermés ce jour-là par crainte des violences... Alors, forcément, je pose la question fatidique...

- "Quid du déménagement ?"

La sentence tombe :

- "Madame, nous ne pouvons pas déménager samedi, ce sont les élections."

Et ma réponse fuse :

- "Et les élections, elles sont prévues depuis quand ? Quand vous m'avez dit que nous déménagerions samedi, vous le saviez déjà, non ???" 

- "Oui, madame."

- "..."


En parallèle, l'agent immobilier nous annonce que l'appartement ne sera pas prêt avant samedi. Impossible, donc, d'imaginer un instant y déposer nos affaires le vendredi... Ils sont en train de repeindre l'appartement (ou pas...). 3 mois qu'ils savent qu'on va arriver et ils repeignent la dernière semaine (ou pas...).


No comment. Bref, le déménagement se fera lundi. Ou pas...


Ce mercredi, pour ne pas avoir les filles dans les pattes le premier jour du déménagement, je les envoie au cours de gym. Il faut dire que j'y ai été plus ou moins forcée. Après avoir tenté la roue sans les mains et s'être fait mal à la cheville au moment de la réception, Aïnhoa a tenté un nouveau truc délirant : faire un salto avant en sautant d'un muret de l'école. Alors, forcément, elle s'est fait mal au coccyx. J'imagine qu'il est fêlé. A moins que ce ne soit elle qui soit fêlée d'avoir fait un truc pareil. Bref, j'ai peur. Elle est incontrôlable. Elle a le virus de la gymnastique. Pas une heure qui passe sans qu'elle se contorsionne, qu'elle fasse des roues, des souplesses arrière, des trucs invraisemblables à la maison ou à l'école. Et ses soeurs l'imitent, forcément. Alors j'ai craqué avant qu'elle ne finisse en fauteuil roulant, avant qu'elle ne passe sur youTube pour montrer la vidéo de son ultime chute. Je préfère encore qu'elles fassent de la gymastique sur des tapis. Ce sont donc 3 petites filles enchantées qui sont revenues mercredi soir du cours de 2 heures de gymnastique. Espérons que ça aide à canaliser leur énergie débordante.


Ben non, en fait, ça ne l'a pas canalisée. Au contraire...
10 mn photo challenge. Son rêve, ressembler à Sofie Dossi. Si vous ne connaissez pas Sofie Dossi,
c'est que vous êtes né au siècle dernier et que vous êtes déjà vieux, comme moi !

Au final, les déménageurs s'activent dans notre maison pour emballer nos affaires (doucement, quand même, il ne faudrait pas faire un arrêt cardiaque, on arrive à 10 h, on fait une pause déjeuner à 13 h et à 17 h 30, on se prépare à partir...) et vendredi, ils finissent de tout emballer (avec mon aide...). Il ne nous reste plus qu'à camper pendant 3 jours dans notre maison qui résonne, ce qui n'est pas pour déplaire aux filles, qui apprécient de dormir ensemble et de manger avec les doigts.

Alors quand Aëlya a besoin d'une glacière pour aller à sa sortie scolaire vendredi, nous sommes bien embêtés. "Désolée, mon trésor, la glacière est dans un carton." Quand Aïnhoa cherche désespérément son sac de natation, je me dis que Mary a dû également le donner aux déménageurs... Quand les filles m'annoncent que pour le Music Cauldron, il leur faut un legging noir et un haut blanc, je file à Spar leur racheter tout ça, car les déménageurs ont emballé les valises de vêtements que j'avais mises de côté et sont bien incapables de me dire dans quels cartons elles se trouvent ! Il n'y a rien qui ressemble plus à un carton qu'un autre carton et je ne me vois pas déballer les 330 cartons pour retrouver leurs leggings...

Au milieu de tout ce remue-ménage, je suis d'un calme olympien. La résilience me gagne. Pas sûr que je sois aussi zen lorsque nous allons déplier les cartons et tout devoir ranger dans un appartement qui manque cruellement de placards, mais pour l'instant, je gère.

Quand Fred m'annonce qu'il part 10 jours en Chine en juin et que nous ne le reverrons pas avant de partir, j'esquisse un sourire cynique. Je le voyais venir, ce truc. Pour mieux comprendre la situation, je vous explique ce qui se passe. Fred a refusé d'aller en Chine pour rester en Inde mais se retrouve à faire les 2 boulots puisqu'ils n'ont trouvé personne pour le remplacer en Chine. La Chine a placé des semaines de réunion ou de rencontres avec le client chaque mois jusqu'à la fin de l'année, et comme par hasard, ça tombe mal. Bref, Fred lui-même a explosé. Il faut dire que cette histoire vire au cauchemar.

Plus qu'un mois avant la France, plus qu'un mois avant de sortir de ce marasme, du moins provisoirement.


Pour ceux qui parlent anglais, jetez un oeil sur l'inscription du bas de l'image...
La preuve que ce n'est pas en Inde qu'on apprend l'anglais...

Bon. Finalement, nous déménageons le jeudi, pas le lundi, car forcément, l'appart n'est toujours pas prêt, d'ailleurs, le jeudi, il ne l'est pas non plus (!!!), mais à un moment donné, nous devons prendre le taureau par les cornes, quitte à faire le ménage nous-mêmes et à aménager dans un appartement sans réfrigérateur, sans four et sans machine à laver...


Et qui s'amuse comme une folle pendant le déménagement ?

Entre-temps, Fred se réveille avec un bras enflé et douloureux (hygroma ou bursite). Impossible, donc, pour lui, d'aider à faire ou défaire des cartons. Et quelques jours plus tard, le lundi suivant, il glisse à cause d'une flaque d'eau, fait une grosse chute de vélo (put... de dérèglement climatique) et s'abîme tout le côté gauche. 


Il serre les dents et s'accroche. Dure, dure, la vie, cette année.

Finalement, malgré le retard de déménagement, malgré la crasse de notre appartement, malgré le fait que j'aie déplié les cartons toute seule, malgré les tempêtes, malgré tout ce chamboulement, malgré les pépins médicaux de Fred, je suis calme.
Calme sans doute parce que je sais que ce marasme arrive bientôt à son terme. Calme parce que j'aime mon nouveau bureau, avec clim, belle vue, porte pour me séparer du bruit, connexion Internet par la fibre qui fonctionne (Je découvre qu'on peut télécharger un programme en 5 mn au lieu des 2 heures auxquelles Airtel m'avait habituée)... Calme parce que je me suis débarrassée de plein de choses et que tout est à peu près bien rangé dans notre nouvel appartement. Calme parce que j'ai la sensation de reprendre ma vie en main, tout simplement. Calme parce que j'arrive enfin à soulever mon corps avec mes mains... Calme parce que Fred, malgré sa poisse a été lui aussi plutôt serein pendant le déménagement.

Une nouvelle vie commence, plus facile, je pense, avec mon bureau à l'écart, la piscine et l'extérieur pour les enfants, un balcon pour déjeuner le midi, des gens autour pour me faire de nouveaux amis, tout ça à 15 mn de mon yoga et 23 mn de l'école. Et si nous nous posions un peu ? Et si, enfin, nous nous reposions ? Pendant 2 ans, c'est possible. Et si je recommençais à peindre ? Et si je recommençais à écrire ? Et si je lisais plus ?


Et ce mois-ci, en plus du déménagement, nous avons droit au Music Cauldron...


Aïnhoa interprète "Energy Flow", de Riyushi Sakamoto avec 1 violon et 3 pianos.



Amaïa et Aïnhoa chantent "Jailhouse Rock" et "Johnny B. Goode".







Aux sport awards...


Amaïa, most improved swimmer, Aëlya, best swimmer et most improved soccer player
Au concert chez Chisato...




Aëlya se prend pour une chanteuse pop, part pour San Francisco, puis direction la Lune... Eh oui, on voit grand dans cette école !!!


Aëlya pop star
Aëlya et ses copains à San Francisco
Aëlya parée pour un vol sur la Lune
Les Grade 1 dans la navette spatiale

Vous mourez d'envie de voir notre nouvel intérieur... Ou pas. Pour l'instant, c'est encore un peu vide, mais c'est en progrès. En tout cas, nous retrouvons des proportions plus modestes (pas parisiennes non plus, je sais...). Si vous voulez voir à quoi ça ressemble, n'hésitez pas à prendre un billet d'avion, on a encore assez de place pour vous recevoir.


Sitôt arrivés, nous voilà déjà invités par nos nouveaux voisins. Une très chouette soirée chez Ambika et Gaurav. On ne retire pas ses chaussures, on boit du vin, on mange du biriyani pas trop épicé, on discute voyages... Bref, nos voisins connaissent presque mieux l'Europe que nous et sont très, très modernes. Ca devrait coller, je pense.


Ne me demandez pas tous les noms, mais j'en connais quand même quelques-uns :
Ambika, Gaurav, Meltem, Murat, Aditi et moi...

Dimanche, on embraye sur la fête de départ de Léandra et son anniversaire par la même occasion un peu en avance. Elle part étudier au Canada, la veinarde. L'occasion pour nous de retrouver des copains et pour les filles de se régaler grâce au food truck loué pour l'occasion. Et si je faisais venir un camion dans mon jardin et qu'il servait tous mes invités ? Trop bien comme idée. Rien n'est impossible en Inde...


Bonne chance, Léandra, pour ta nouvelle vie !

Le mois de mai se termine. Dans 15 jours, nous ferons une fois de plus ce grand écart, nous nous réacclimaterons doucement à ce beau pays qu'est la France, je pourrai enfin vous serrer dans mes bras, conduire à nouveau, respirer un air plus sain, manger des crevettes et du crabe, marcher le long de l'océan, sillonner Paris, vous écouter enfin parler... J'ai tellement hâte. Reste à préparer les valises. Ou à peindre...





A suivre...










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